BRETAGNE: CHÂTEAU ET MER
- angelogeorge988
- 18 avr.
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 avr.
La Bretagne, cette région magique de France, cache des trésors incroyables dans chacun de ses recoins. En une journée d'été ensoleillée de l'année 2019, nous avons découvert deux d'entre eux.

Les deux sites sont situés à proximité de la ville du Paimpol, dans la partie sud du département Côtes-d'Armor.

L’Église du Lézardrieux
Mon fils cadet Vlad et moi, amoureux de longue date de la Bretagne, sommes partis en vélo sur les côtes bretonnes, de Paimpol à Tregastel, dans l'été 2019. Arrivés à Lézardrieux, nous y avons campé afin de profiter d'une croisière le lendemain. Avant d'aller nous coucher, nous avons flâné dans la ville.

À vélo, nous avons parcouru lentement la place de l’Église pour admirer l'alignement de ses maisons typiques en granite rose, la mairie et, bien sûr, l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste (de la fin du XVIe siècle) avec son clocher-mur. Émerveillés, nous nous sommes couchés en oubliant de réserver pour la croisière.
Le Passeur du Trieux
Alors que nous sommes arrivés au port pour la croisière avec «Le passeur du Trieux», on nous annonce qu'il n'y a plus de places disponibles. Confrontés à notre air triste, la patronne nous a proposé de revenir le lendemain. Ce qui nous rend encore plus tristes, car nous avions déjà prévu autre chose pour ce jour-là. Nous lui avons exprimé notre gratitude pour son invitation, tout en lui expliquant que notre programme de vacances était très serré et qu'il était impossible de le changer. En apprenant ce que nous avions prévu, elle a exprimé son enthousiasme et nous a invités à participer à la sortie en mer de l'après-midi, une croisière réservée aux amis.

Cela nous a tout de suite mis de bonne humeur. Nous avons alors eu l'idée de mettre le cap sur le château de la Roche Jagu, situé à environ dix kilomètres de là, afin d'y passer le temps jusqu'à la sortie en mer.

Château de la Roche Jagu
On raconte qu'il était à l'origine une motte castrale transformée progressivement en forteresse de pierre aux XIIe et XIIIe siècles. Détruit lors de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365), il fut reconstruit à partir de 1405 par Catherine de Troguindy, une noble dame, avec l'autorisation du duc de Bretagne Jean V (1389-1442). Il est situé sur un sommet de la rive gauche du Trieux.

Abrupte, celui-ci permet d'avoir une belle vue sur les alentours et notamment sur le fleuve qu'il était autrefois chargé de surveiller. Les visiteurs, nous en tête, peuvent à leur tour se réjouir des paysages magnifiques.

Vide de mobilier, le château abrite chaque année une exposition temporaire et des visites guidées, spectacles et concerts y sont organisés.

Les jardins du château
Comme nous n'avons que peu de temps, nous devons faire l’impasse sur l’intérieur du château, en faveur des jardins d'inspiration médiévale (potager, jardin de plantes médicinales, bouquetier). Ceux-ci sont en accès libre et des visites guidées ainsi que des ateliers «nature» y sont également organisés.

Les sculptures
Des sculptures signées de l'artiste Marc Didou jalonnent les allées menant au promontoire. Âgé de 12 ans, Vlad les trouve très attirantes, et il les escalade ou s'y assoit. Heureusement que j'ai réussi à l'arrêter avant qu'il ne se mette à prendre la sculptrice Béatrice Coron au sérieux et qu'il ne tente une expérience pratique de son œuvre qui nous recommande de faire notre «voyage intérieur». En lui grimpant dessus, par exemple.

Le plat «vegetal»
En janvier 2017, le parc a reçu la distinction Écojardin, soulignant ainsi la gestion écologique du site dans le respect de la biodiversité. Probablement pour cette raison, le point de restauration du château ne proposait qu'un seul plat «végétal» qui nous a laissés encore plus affamés qu'avant.

Sauvés par boulangerie
Une boulangerie particulièrement bien fournie, comme toutes les boulangeries bretonnes, nous a permis de nous restaurer sur la route du retour! Après avoir savouré de délicieux gâteaux bretons à côté d'une magnifique église, nous étions de nouveau pleins d'énergie et prêts pour de nouvelles aventures.

Le succès du Vlad
À notre arrivée dans le port du Lezardrieux, nous sommes invités à monter immédiatement à bord du bateau qui n’attendait que nous pour pouvoir partir. Le capitaine annonce à tous que nous sommes deux nouveaux amis, des braves gars partis découvrir les côtes bretonnes à vélo. Les gens se tournent vers nous, sourient et nous regardent avec beaucoup de sympathie et d'admiration, principalement pour Vlad, bien sûr. Et le bateau démarre sur les chapeaux de roues en suivant une route proche de la rive gauche de l’estuaire du Trieux.

La spécificité du port
Le bateau progresse vers la sortie de l’estuaire tout en longeant le port de Lezardrieux, tandis que le capitaine nous raconte son histoire. Depuis toujours, ce port a été le seul port de la région à disposer d'un accès à l'eau profonde. En effet, il ne se trouve pas dans la mer, mais dans le bassin fluvial du Trieux. Il n'est donc pas soumis aux marées, ce qui signifie que la sortie et l'entrée des bateaux peut se faire à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Plus besoin de vérifier le calendrier des marées pour planifier une sortie ou une entrée, contrairement à tous les autres ports. Bonus: il est également protégé des vents et des tempêtes de mer. Point négatif: les réservations pour une place ici sont déjà faites jusqu'en 2039 (données valables pour l'été 2019).

Le bâtiment blanc
En continuant notre balade en mer, nous apercevons le grand bâtiment blanc qui fut jadis une école d'officiers de la marine commerciale en régime d'internat. Notre capitaine y a fait ses études et obtenu ses qualifications. Il nous raconte de nombreux souvenirs, tant des cours que des aventures moins... scolaires, notamment les sorties en cachette pour rencontrer des filles. Et pendant la dernière année, les «manœuvres» parfois désespérées pour tomber malade et finir à l'hôpital. Là où il officiait en tant qu’infirmière la plus belle fille du monde. Celle qu plus tard est devenue sa femme. La patronne qui nous a invités à les rejoindre pour cette croisière. En bas de la photo, on peut voir l’îlot qui a servi de base pour une installation radar allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, ce lieu est toujours un terrain militaire, un navire de la Marine française y est en effet affecté pour des activités qui restent sous le couvert du secret.

La maison
Un peu plus loin, nous apercevons une maison bâtie sur un promontoire.
Le capitaine nous raconte l'histoire de cette maison: elle a appartenu à une famille locale pendant plus de cent ans. Le dernier propriétaire a fait faillite et a dû mettre la maison en vente pour rembourser ses dettes. Le prix demandé était trop élevé pour les habitants locaux et assez élevé pour les autres familles bretonnes. Mais c'était du «argent de poche» pour une famille de Parisiens qui voulait une résidence secondaire. Ces «Parigots» sont vite devenus des «Bretons» dans leur cœur et leur âme. Maintenant, ils font des sorties en bateau à voile chaque jour et nous échangeons avec eux des sourires et de joyeux saluts.

La mer
Et presque sans nous en rendre compte, nous avons atteint les eaux de la mer. Nous ne sommes plus dans les eaux de l'estuaire du Trieux, mais dans la «Grande Mer», comme l'a fièrement annoncé le capitaine. Quand je lui fais part de mon incapacité à distinguer une différence, il me répond qu'il existe deux méthodes pour le savoir: la première est une formation longue pour devenir marinier et apprendre à connaître l’eau sous ses différentes formes et manifestations. La deuxième est plus courte: il suffit de mouiller le doigt et de le goûter. Quand le goût devient trop salé, nous sommes en présence des eaux de la mer.

Phare de la Croix
Construit pour la première fois entre 1865 et 1867, il a été détruit par les Allemands dans sa partie supérieure en 1944, afin d'empêcher les petits navires d'être guidés durant les traversées pour apporter des provisions et des munitions à la Résistance locale. Il a été reconstruit à l'identique en 1949. La partie est a été peinte en blanc. Deux balises rouges et jaunes lui sont collées pour indiquer les chenaux à suivre pour entrer ou sortir dans le estuaire de Trieux. L'ensemble est magnifique et incontournable.

Les navires
L'activité de la mer ne connaît pas de répit. Pendant notre croisière, nous avons rencontré un remorqueur et un navire sablier (partie basse de la photo). Le sablier, le bateau rouge, vient de finir sa mission de récolter du sable. Maintenant qu'il est plein, il a besoin du remorqueur pour l’amener dans le port. Les sabliers sont utilisés pour empêcher la formation des bancs de sable qui pourraient gêner, voire bloquer des chenaux navigables. Il y a également des bateaux à voile utilisés pour la plaisance.

La rocher du....mariage
Et la croisière ne pouvait pas prendre fin sans passer à côté d’un rocher très important pour la communauté locale: le «Rocher des mariages». Selon la tradition, la réponse à une demande en mariage dépend de la capacité à gravir ce rocher. Mais attention, il y a des règles à respecter: si le matériel d'escalade est utilisé, la personne demandée a le droit de refuser. Par contre, si elle est escaladée mains nues, la réponse ne peut pas être que positive. Le capitaine nous a confié que sa femme l'a obligé à s'entraîner pendant un mois avant de lui faire sa demande. Il a également confié que la tradition avait évolué avec son temps: aujourd'hui, la règle s'applique même si la personne qui fait la demande est... une femme!

À la fin
Le temps a passé, Vlad a grandi et a adopté une nouvelle apparence. Mais les souvenirs de cette journée sont gravés dans nos cœurs et nos têtes. Notre amour pour la Bretagne n'en est que plus grand après cette journée.

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